Jeudi 5 marsLever à 8 heures pour un départ à 9 heures à l’île de Kho Samet (ou Kho Samed, tout dépend de votre source d’information !). Nous nous rendons à l’embarcadère de Baan Phe que nous avons vu la veille, et où nous attendons notre bateau. Quand il arrive, pour l’atteindre il nous faut en traverser deux autres qui servent de passerelle ! On se débrouille tant bien que mal à descendre sur les ponts beaucoup plus bas, et à escalader les ponts suivants pour enfin prendre place dans un rafiot de fortune.
L’île que nous devons visiter est un gros morceau de terre qui mange une partie de l’horizon marin vue depuis notre hôtel Novotel. On la voit à droite en regardant la mer, tandis que droit devant nous, deux petites îles ressemblent à une souris qui guetterait un morceau de fromage. Amusant. C’est la plus grosse des trois que nous devons visiter.
La traversée d’une demie heure environ sera difficile pour Claudel et Catherine. Bien que la mer soit, non d’huile, mais juste avec le peu de roulis et de tangage nécessaires pour pouvoir dire qu’on a navigué sur la mer préférée de Claudil, elles ont le mal de Chine ! Et tout cela pour arriver dans une île où il n’y a pas grand-chose à voir.
Dès que nous avons posé le pied à terre, deux tap-taps découverts nous embarquent à bord pour nous conduire sur la plage aménagée, un peu plus loin. C’est assez regrettable que nous n’ayons pas fait ce chemin à pied, car au moins, là, il y avait des commerces locaux, un petit village à traverser (touristique bien sûr, mais enfin...). Tandis qu’on nous emporte à vive allure vers ce qui est censé être un paradis comme on en voit sur les affiches publicitaires, tu vois ?
Dix minutes de route, montre en mains. Claudil fait remarquer qu’il a de l’artérite, mais tout de même, il aurait pu marcher ! Nous arrivons donc sur une plage de carte postale. Vue du bord, c’est une nappe immobile et sans rides. Quant au bord proprement dit, ce sont des magasins touristiques, des bars et des restaurants sur du sable très fin, mais pas aussi blanc qu’à Monbassa (voir Carnet Kénian).
Pour 20 baht nous pouvons louer, pour la journée, des chaises-longues alignées en front de mer sous des parasols. Jean-Paul et moi en louons 4, et nous nous installons confortablement sur le moelleux des serviettes épaisses que Novotel nous a prêtées. Mais attention, ces serviettes sont comptées et le négligent qui en perdrait une en serait de sa poche ! Nos autres amis du groupe semblent bouder ce confort, et s’étalent à même le sable. Jean-Claude notamment au pied de la baraque du loueur de chaises-longues, à l’ombre. La fin des vacances aurait-elle des allures de fin de mois difficiles?
Nous allons nous baigner par épisodes et revenons nous mettre à l’abri des parasols. Mais ces va-et-vient finissent par lasser. Alors que faire ? Rien, Saowanite nous a prévenus qu’il n’y avait rien à visiter, sinon des sous-bois en empruntant des chemins forestiers peu praticables. Seulement elle nous a dit cela quand nous étions déjà en mer ! Donc trop tard, et nous sommes condamnés à jouer aux vacanciers 'azuréens' en regrettant de ne pas être restés au Novotel.
Claudel va bien inspecter le bord de mer au cas où... Elle se risquera même à tenter le sous-bois mais en reviendra vite ! Claudil et Jean-Paul irons tromper leur ennui devant une Carsberg bien fraîche, et Marie-Hélène s’endormira dans sa chaise-longue. Soudain, un petit incident crée une diversion. Le loueur de chaises fume comme un pompier et balance ses mégots devant lui, au petit bonheur la chance. L’un deux atterrit sur la serviette de La Belue qui ne peut que constater les dégâts à son retour de baignade. Un trou d’une trentaine de centimètres au moins a fait une découpe remarquable ! Jean-Paul y remédiera au retour à l’hôtel, en faisant un tas de leurs quatre serviettes qu’il jettera négligemment dans le chariot de récupération, en annonçant le plus tranquillement du monde : quatre !
Pour qu’un tel événement occupe notre journée, fallait-il qu’on s’amuse!
Toutefois, certains vacanciers - car nous ne sommes pas seuls -, des jeunes surtout, se distraient comme des petits fous en faisant du rodéo maritime. Qu’on en juge :
Jeu de plage en mer de Chine : Un boudin gonflable de 4 à 5 mètres, dit banane, est attelé à un hors-bord. Une dizaine de personnes montent dessus, à califourchon. Et c’est parti. Le hors-bord tire son chargement à vive allure, faisant subir à ses passagers un véritable rodéo jusqu’à ce que la banane se retourne en éjectant tout le monde à la baille. On remonte dessus et on recommence. Le jeu consiste donc à rester le plus longtemps sur la monture. Un conseil, il vaut mieux savoir nager !
Vers 13 heures, Saowanite nous fait savoir que notre repas est prêt. Nous n’avons pas à aller loin, le repas sera servi à trois mètres, sous une immense paillote où sont alignées des tables à perte de vue. Y prenant place, les quatre amis constatent qu’il fait meilleur ici, en tout cas moins étouffant, que sous les parasols. Ils décident donc d’y rester après le repas et de faire la sieste, comme leurs co-vacanciers, à même le sable sous la paillote. Ils céderont leur place à des Japonais bruyants qui n’en demandaient pas tant.
Quant au repas, rien à dire, sinon des éloges ! Un régal ! Du crabe, du poisson, des moules, des crevettes, des gambas à profusion avec... des frites ! Si ! Le tout arrosé de bière et d’eau comme il se doit. Comme disaient Meilhac et Halévy : «
On s’en est fourré, fourré, fourré jusque là ! » Après ce plantureux festin, Jean-Paul et Marie-Hélène, qui ont le privilège de pouvoir s’endormir n’importe où, même pendant des laps de temps très courts, s’étalent sur deux chaises et s’abandonnent dans les bras de Morphée. Claudil somnole et Claudel scrute le rivage, dès fois que...
Pendant ce temps-là, Saowanite à l’écart grignote quelque plat thaïlandais tout en lisant le journal de la veille. A la demande de Claudil elle le lui remettra, car il tient à en conserver un exemplaire, ne serait-ce que pour avoir un souvenir de l’écriture thaïlandaise. A ce sujet la Ninite lui précise que leur alphabet est beaucoup plus important que le nôtre ; compte tenu des sons qu’ils ont à exprimer, il ne leur faut pas moins de 44 consonnes, 32 voyelles et 5 accents.
Un petit spectacle sur la plage nous tire un instant de notre torpeur. Pour 1000 baht ( 145 f.) de magnifiques jeunes filles acceptent de se faire photographier en compagnie de touristes qu’elles prennent par le cou d’une façon très câline. Nos bruyants Japonais sont vivement intéressés et, à tour de rôle, chacun aura droit à sa pose suggestive, avec mime de baiser, attitude lassive, bref toutes les grimaces érotiques de la séduction ! Voilà des photos qui vont faire le tour de nombreuses usines ou bureaux nippons. Seulement, ce que les envieux qui vont baver devant les photos ne sauront pas, ce que nos vacanciers du jour ne savent pas non plus, et que Saowanite nous confie en riant, c’est que les ravissantes jeunes filles sont des travestis ! Ce n’est pas tout, Claudel se souvient tout à coup, et le confie à son mari ainsi qu’au groupe tout entier, ce matin même, alors qu’elle s’activait à la chasse aux coquillages sur le rivage, un groupe de Chinois a absolument insisté pour qu’elle se fasse photographier avec chacun d’eux. Flattée comme une femme peut l’être, elle a accepté sans malice. Et là, elle réalise - et s’en trouve très honorée, bien qu’elle ait des doutes sur la finalité de l’opération - qu’elle a été mise sur un pied d’égalité avec une jeune beauté thaïe ! Son Claudil, lui, n’apprécie pas des masses qu’elle puisse faire le tour de Pékin et donne des envies lubriques à qui que ce soit... Il connait l'influence du Nippon sur la Chine !
(à suivre)